— Papaaa ! Il est parti ! Il est partiii !
Le cri brisa la tranquillité déjà bien fragile de la salle d'attente de l'aéroport de Londres Heathrow. Les voyageurs moldus levèrent à peine un sourcil, habitués aux enfants qui pleurent pour des bonbons ou des tablettes électroniques. Mais ce petit garçon blond aux yeux verts déchirait le silence d'une panique sincère, le visage noyé de larmes.
Harry Potter-Malfoy, 42 ans, ancien héros de guerre, actuellement vêtu d'un jean noir et d'un pull vert foncé frappé d'un serpent argenté, se pencha aussitôt vers leur fils en détresse. Le professeur de défense depuis deux ans n'aimait pas voir ainsi son fils de 6 ans.
— Scorpius... mon cœur, respire. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Draco Malfoy, quant à lui, tournait déjà sur lui-même, les yeux inquiets, angoissés, comme s'il en était à deux doigts d'entrer dans le terminal 3. Les moldus n'avaient rien à faire de sa panique. Harry posa une main rassurante sur son bras. Il avait remarqué ce qui manquait.
— C'est sa peluche. Le petit dragon noir, tu sais.
L'adulte blond pâlit.
— Non... Pas Nuit-Nuit ?
— Oui ! sanglota Scorpius. Il... il était avec moi quand j'ai mangé le biscuit *snif* et après je sais plus. Il est peut-être dans le sac ou snif ou sur la table *snif* ou les toilettes... Ou même dans... dans un autre avion !
La détresse enfantine fit mal autant à Harry qu'à Draco. Nuit-Nuit était plus qu'un simple jouet. C'était le confident silencieux, le protecteur nocturne. Survivant de 2 années d'accidents de potions, de voyages en train et de cauchemars terribles. Il serait véritablement impossible de remplacer Nuit-Nuit.
Harry s'accroupit et prit leur fils dans ses bras, le serrant fort.
— On va le retrouver. Je te le promets. Tu sais pourquoi j'en suis certain ?
Scorpius renifla.
— Pourquoi ?
— Parce que ton papa Draco est l'homme le plus déterminé du monde quand son petit garçon pleure.
Draco, qui retrouva son calme, releva la tête avec un air digne. Le professeur de potions était déterminé à rendre vraies les paroles de son époux. Il épousseta son veston, se redressa et fixa son enfant droit dans les yeux.
— Je trouverai Nuit-Nuit, je le jure sur mon honneur. Même s'il me faut fouiller tous les terminaux de ce lieu moldu à la main !
Sur ce, il s'élança.
⸻
Draco Malfoy ne savait pas comment fonctionnait un aéroport moldu.
Il se heurta d'abord à une porte automatique. Manqua de se faire arrêter par un agent de sécurité en essayant de fouiller la poubelle près des toilettes. Il lança même un « Accio Nuit-Nuit ! » avant de se souvenir, un poil trop tard, que la magie était strictement interdite dans les zones publiques moldues. Son sort, de toute façon, semblait ne pas avoir marché. L'endroit devait être trop grand et la peluche trop loin.
La baguette fut donc rangée dans la poche de son veston.
Il interrogea un vendeur de journaux qui lui jeta un regard suspicieux. Il retroussa ses manches pour aller fouiller les banquettes, soulever des sacs et s'excusa auprès d'une vieille femme en chemisier rosé qu'il avait accidentellement bousculée.
Mais il n'abandonna pas.
Pendant ce temps, Harry s'était installé sur un banc avec Scorpius sur ses genoux. Il lui caressait doucement les cheveux en lui racontant des histoires, tentant de détourner son attention de la peluche manquante.
— Tu te souviens quand papa Draco a essayé de cuisiner des crêpes ? Il a ensorcelé la poêle par erreur et elle s'est envolée dans le jardin.
L'enfant eut un petit sourire. Tremblant, faible, mais bien présent.
— Ou quand Nuit-Nuit avait disparu à Poudlard, mais qu'en fait Peeves l'avait accroché à un lustre ?
Parce que oui, la famille vivait dans l'école durant la période scolaire.
— Et tu t'étais monté sur une table pour le récupérer, papa Harry. Tu es tombé !
Scorpius pouffa tout en se mouchant.
Le père sourit soulagé. Le sourire de son fils valait plus que 100 trophées de Quidditch.
Puis, Draco revint. Il marchait lentement, la mine basse. Le cœur de Harry se serra.
— Je n'ai pas encore fouillé la zone d'embarquement, dit-il à mi-voix. Mais j'ai demandé à un gentil monsieur du personnel de sécurité s'il pouvait regarder dans les objets trouvés. Il est en route pour vérifier.
Son époux hocha la tête. Scorpius, agrippé à son veston, tremblotait de tristesse une nouvelle fois. L'attente était insupportable.
Puis, enfin...
— C'est luuiii !
Un agent en uniforme s'approcha, tenant entre ses mains un vieux dragon noir aux ailes déchirées, avec un bouton manquant et une patte tenant uniquement grâce à trois minces fils.
Scorpius hurla de joie et se jeta dessus. Il serra Nuit-Nuit comme un naufragé serre sa bouée.
Draco soupira si fort qu'on aurait cru qu'il avait retenu son souffle depuis au moins une heure. Il se laissa tomber à côté de Harry, le regard vide.
— Je crois que je viens de comprendre pourquoi les moldus vieillissent si vite.
Le brun rit doucement et posa sa tête contre l'épaule de son mari.
— Merci, mon amour.
— Je déteste cet endroit. Je veux rentrer chez nous...
— Alors on oublie notre voyage à Bali ?
Draco gémit.
— Évidemment que non...
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